mardi 14 juin 2011

Dans la surnage d'informations

Martin Lessard publiait récemment l'article Lisez ceci et épatez vos amis. Il y réfléchissait à voix haute sur le rapport à la connaissance depuis que l'information est disponible au bout d'un clic sur des appareils continuellement en possession de "leurs maîtres".

Il y a à peine quelques années, la culture générale apportait un plus-value à un individu, lui permettait de se distinguer par quelque champs d'intérêt ou de connaissance qu'il maîtrisait particulièrement bien. Si on se définit souvent par notre métier ou nos passions, on se définit aussi par notre niveau de connaissances constituant une composante de notre culture générale.

L'auteur questionne: "L’argument de posséder plus d’information est-il encore pertinent à l’ère de la surabondance? Comment peut-on aujourd’hui épater ses amis avec ce qu’on sait? À la première interrogation, ils sautent sur Google !" 

Il se trouve que j'adhère. Trouver une information sur le web est un geste si accessible devenu banal pour des centaines de millions d'utilisateurs, ce qui tue un peu la beauté, la singularité et la noblesse de la pure connaissance. Cela n'est pas mauvais en soi, remarquez. Démocratiser l'information est nul doute une excellente chose mais selon l'auteur qui complète l'idée d'Umberto Eco (affirmant que la nature des médias (télévision, journaux, ordinateur) nourrit différentes classes sociales, qu'il divise en riches et pauvres mais qui à proprement parler se rapporte davantage à une "compétence culturelle intellectuelle" par opposition à l'analphabétisme qu'à des possessions matérielles), la nouvelle tendance à utiliser le web comme un deuxième cerveau a ses limites.

La "nouvelle" manière de se distinguer socialement ne serait donc plus la quantité et la nature des informations assimilées par un individu mais plutôt la perspicacité et la manière judicieuse dont il utilise ces mêmes informations. Savoir mettre en relation plusieurs connaissances équivaut donc à assurer à son arc la corde de l'esprit critique.

J'écoutais récemment à la radio un médecin affirmait que de plus en plus de gens étaient myopes. Il expliquait que la nécessité physique de voir loin avait, du temps de nos ancêtres chasseurs et agriculteurs "justifié" biologiquement une bonne vision. La vision "de loin" étant de moins en moins sollicitée de nos jours vu l'usage quasi universel dans notre société occidentale des multiples écrans rapprochés, cela influerait directement sur la qualité du potentiel humain de vision.

La physiologie 'humaine s'ajuste à la réalité technologique. J'en fais un parallèle avec le cerveau, la mémoire et les capacités cognitives de l'homme. Devant l'océan d'informations disponibles relayées sur le web, savoir faire un tri judicieux constitue indubitablement non seulement une garantie de survie webesque mais également un atout sur ses pairs déjà en train d'y surnager.

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